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  • GR 5 - EPILOGUE

    Me voilà de retour à Annecy, chez moi, après avoir fait une randonnée de près de deux mois.

    Je suis parti seul fin juin pour faire la totalité du GR 5 français, je n'avais aucun timing et j'étais libre de toute contrainte.

    Pendant ces 56 jours, je n'ai eu que 6 jours de mauvais temps. Oui, de la chance, il en faut parfois pour réussir une aventure dans de bonnes conditions.

    En Lorraine et Moselle, je suis tombé sur des gens extraordinaires. Je ne sais pas si c'est le fait qu'il y a peu de personnes qui empreintent cet itinéraire mais ce fut formidable car il faut le reconnaître, il manque un peu de montagnes là-bas.

    Puis, l'Alsace, les Vosges et le Jura. Domaine sans contexte du VTT, le marcheur a certes des randonnées à faire mais suivre complétement le GR 5 à pied est quelques fois ennuyeux. Mais, à chaque fois que j'étais en hauteur, quel bonheur de découvrir cette partie de la France.

    Arrivé au lac Leman, je sais ce qui m'attend : les Alpes. Je suis surpris de tous ceux qui entreprennent la traversée des Alpes par le GR 5 et seulement quelques uns dans le sens Nice-St Gingloph. J'ai croisé beaucoup de randonneurs et fait de belles rencontres, certes beaucoup éphémères mais tellement sincères. La dernière avec Simone et Roger a même été empreinte d'une très grande émotion.

    Simone et Roger Le Cros d Utelle.JPGSimone et Roger

    Lors de cette marche, mes sens se sont ouverts en grand pour emmagasiner le maximum de bonheur. J'ai fait plus de 6 000 photos et dans le livre ou les livres, j'essayerai de vous faire partager ces paysages sublimes de France.

    Le bilan physique : ça va bien, à part quelques ampoules vers le dixième jour et vite guéries, rien d'autre. Si, les cinq, six derniers jours, les rotules affichaient une légère fatigue et le tendon d'Achille droit aussi. Le dos en pleine santé malgré une opération d'une hernie, il y a trois ans et le tendon d'Achille gauche, très bien malgré une rupture en mai 2012. Mes épaules auront mis cinq semaines à s'habituer aux 18 kg du sac en moyenne.

    Merci à tous ceux qui ont laissé et laisseront un commentaire, je répondrais à tous.

    Merci à Marianne et Paul pour la confection du fanion sur mon sac : grâce à lui, j'ai pu entrer en contact avec tous ceux que j'ai rencontrés. Ca a été un passeport de la rencontre... Un grand Merci.

    Mariane et Paul (1).jpgMarianne et Paul

     

    J'ai vécu une aventure géniale, vu des paysages sublimes, partagé des moments humains sensationnels, fait de grandes journées de marche et je retiens que la France est encore belle.

    Aujourd'hui, je n'ai pas la sensation d'avoir marché autant de jours mais je finirai par réaliser. Peut être parce que ma tête est encore assaillie par tout ce que j'ai vu. L'arrivée sur Nice(*)avec la mer en contrebas n'est pas mal. Et même si, après avoir piqué une tête dans cette eau salée, j'ai mal aux fesses sur les galets, putain, c'est bon d'être là!

    Jean-Yves 

    (*) http://www.nicematin.com/nice/il-fait-1600-kilometres-a-pied-pour-rejoindre-nice.1404709.html

  • GR 5 - BIVOUAC DU 21 août à NICE

    Le temps splendide, 22°, 56 % d'humidité

    Ca y est, j'y suis, j'ai goûté l'eau salée de la mer!

    Ce matin, je suis parti en marche arrière pour aller retrouver le GR 5. Je ne peux pas concevoir d'arriver à Nice par un autre chemin. Alors, je vais rejoindre le pied du Mont Chauve et enfin je le retrouve et reprends cette fois la descente sur Nice.

    Plus question de senteurs, juste la vue aujourd'hui, harmonie de couleurs, la ville en contrebas avec ses couleurs pastel dues au soleil rasant. Puis, plus loin, le bleu indigo de la mer qui, vers la plage, devient vert émeraude.

    Je continue à descendre vers Nice mais, à un moment, je sens que le chemin de gauche monte sur un promontoire. Allez, j'embraye. Effectivement, je sors de la garrigue et me retrouve sur un espace dégagé. Je m'arrête, respire à pleins poumons. Ca y est, j'y suis. Un petit moment d'émotion, seul sur mon promontoire face à Nica La Bella.

    J'hésite à repartir, je profite de cet instant, j'hume ce moment calme avant de descendre. Oui, je fais de grandes inspirations à fond. Je vais retrouver tous les bruits laissés derrière moi depuis 57 jours, 56 de marche et un de repos.

    Voilà une aventure qui se termine pour moi, debout, en pleine santé. J'ai gambergé, oui, normal quand on marche aussi longtemps. Je suis parti avec toutes mes joies, mes plaisirs, mes peines, mes douleurs, mes doutes et ici, tout est encore là mais mieux rangé.

    Je suis serein mais je n'ai pas l'impression d'avoir marché 1600 km, pour mon corps, lui, a déjà relâché. Il sait que c'est fini, ma tête, pas encore, mais demain ce sera fait. En attendant, je profite de la douceur méditerranéenne et de la chaleur de la ville. Je sais que demain je reviens à la réalité de la vie. Là, je n'avais pas trop de soucis, juste savoir quoi manger et marcher, la vie simple quoi!

    Je reprends la descente, léger. Je ne sens plus mes jambes. Je traverse la dernière oliveraie avant de trouver le bitume jusqu'à la fin du GR. La maison de l'Environnement, je reçois une casquette de ville, super.

    De là, je file tout droit à la mer. Ah, c'est vrai! J'ai rendez-vous avec Nice Matin au bord de l'eau. Dès que c'est fini, je plonge. Voilà ma peau ruisselle et le sel se dépose sous la douce caresse du soleil.

    Assis sur les galets, je regarde l'horizon, un voilier au large, au près serré, file droit vers Gibraltar... Où va-t-il?

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 20 août à la lisière de Nice

    Grand beau, 19°, 47 % d'humidité

    Je quitte Utelle pas de bonne heure, le soleil est déjà levé et j'emprunte le chemin de la Chapelle St Antoine, je surplombe les Gorges de la Vésubie.

    Superbe chemin en balcon et très aérien à travers la garrigue et les oliviers.

    J'arrive au village perché sur son promontoire du Croc d'Utelle où j'accepte l'invitation de Simone et Roger pour un café. C'est un ancien du 22ème BCA  de Nice, grand moment d'émotion. Bonne continuation à vous et un grand merci.

    Allez, je repars dans le fond rejoindre la Vésubie, la traverse sur un joli pont et remonte sur Levens. Ca sent bon la mer et un café, merci à Mathieu au Massena Bar pour son accueil.

    Je vais rejoindre Aspremont par une succession de montées, descentes. Je croyais que c'était fini, la montagne. Que nenni! Elle va jusqu'à Nice.

    A Aspremont, plein de balisage et sans le savoir, je prends le GR 51. Plus tard, je me rendrai compte que je ne suis pas sur le bon, mais le terrain m'empêche de couper, alors, je le rejoindrai demain.

    En attendant, bivouac sur un mouvement de terrain plat, face à la mer, avec la pleine lune qui montre son nez au moment où le soleil disparait, ils n'ont pas pris rendez-vous.

    arrivée sur Nice.JPG

    Demain, je me baigne pour de vrai, le 55ème jour de marche. Ce soir, j'attends cela avec impatience et regarde la palette de couleur passer du bleu, au mauve, au rose et bientôt tout bleu, bleu nuit....

    Tombee nuit sur Nice.JPG

    Jean-Yves 

     

  • GR 5 - BIVOUAC DU 19 août à Utelle

    Grand beau, enfin je crois, il fait nuit, 12°, 45 % d'humidité

    Allez, aujourd'hui, je vise le village d'Utelle pour me mettre à deux jours de Nice.

    Imaginez une ligne de crêtes en léger S d'environ 25 km. Première chose, monter au premier col, le Col de Varaire de St Dalmas du Plan. J'arrive au premier col donc et la chose étonnante, je passe le col et continue de monter en direction du deuxième, du troisième et du quatrième.

    Impensable, ça ne fait que monter! J'arrive au col et je continue à flanc de montagne et les quatre seront sur le même schéma, de plus en plus haut, je vais.

    La vue est exceptionnelle. Sur les quatre premiers, je reste sur le même versant puis je bascule sur les Granges de la Brasque par une bonne descente. Les Granges, c'est un ancien camp militaire avec une maison renforcée de meurtrières, tout est fermé.

    Allez, je repars pour le prochain col, et rebelote, ça monte, mais là, je passe un coup à droite de la montagne et un coup à gauche. Un coup, La Tinée et un coup, La Vésubie. La vue est grandiose, lointaine et vertigineuse car les fonds sont vraiment très bas. Dans les parties orientées au Nord, le buis et le pin prédominent. Je ressens la fraîcheur et l'humidité quand je passe dessous. Au Sud, au détour d'un col, c'est le thym qu'il y a partout, avec la lavande, ça donne un bon parfum. Je rajoute un brin de cigale, une mauresque, une paire de Flip Flop et tout baigne.

    Allez, Utelle la désirée, où te caches-tu? Plus j'avance, plus le Sud recule, ce n'est pas possible....

    Je découvrirai le village une fois le nez dessus. Cet itinéraire fera partie des plus jolis de la traversée du GR 5, même si la longueur aurait eu tendance à me faire baisser la tête sous la fatigue. Mais ce sont de courts moments et très vite, malgré les jambes fatiguées, je profite du pays.

    Dans mes mains aujourd'hui, je suis passé de l'odeur de la lavande, au thym et je pense à la sarriette.

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 18 août à Rimplas

    Grand beau, 16°, 55% d'humidité

    Levée de camps de très bonne heure car je projette d'aller loin. Je pars de Roya, traverse le pont et j'y suis.

    Le sentier monte bien et c'est très joli. Le peintre change toutes les deux secondes la couleur qu'il passe sur les sommets. Ce n'est pas bien, car il m'oblige à faire une photo à chaque fois. Une fois que je les aurai sous les yeux, je ne saurai plus laquelle choisir. Je regarde devant, derrière, sur les côtés tellement il peint vite.

    Je retraverse le torrent et monte dans les alpages où je finis par voir des Patous monter la garde auprès de leur troupeau. Une brève salutation au berger et je continue par le sentier abrupte sous le sifflet des marmottes. Je débouche sur un mini plateau où il reste les senteurs des brebis.

    Allez, dernier effort, le Col de Crousette 2480m me laisse passer et oh! surprise, il faut continuer à monter un peu sur le flan du Mont Mounier 2817m.

    J'entame la longue descente, passe au Col du Refuge, le Col des Moulinés et tout en descente. J'arrive au dessus de Vignols et le paysage est sublime. Il y a plein de rochers acérés qui pointent vers le ciel. Un petit coup de cul à passer pour franchir Les Portes de Longon et je débouche sur un alpage.

    Je suis accueilli par les gardiens du troupeau qui est en plein milieu du chemin. Par fier, le Jean-Yves, avec deux Patous à moins de 20 cm qui aboient à tout rompre. J'ai beau être zen et faire celui qui n'a pas peur, mais merde, ils sont gros et deux! J'ai de la chance, je ne sens pas le loup, mais plutôt, enfin, pas la rose!

    Je m'arrête au Refuge de Longon dont j'entends parler depuis deux ou trois jours. Sa réputation n'est pas usurpée, génial. J'ai un super accueil, merci au gardien.

    Et à partir du refuge, l'enfer commence, enfin, je le saurai au bout de la descente. Je longe une sublime cascade dans un endroit magnifique. Les vallées, ici, sont très étroites et très profondes. Aujourd'hui, je descends de l'une pour monter sur l'autre. Donc, je descends, je descends, je descends encore pour arriver sur Roure.

    Superbe village sur son perchoir naturel, là tout en bas, vraiment en bas, St-Sauveur-sur Tinée. Je freine tout ce que je peux mais la succession de traversée de route et du chemin presque vertical me fait flageoler les guiboles. Le temps de rejoindre le bar pour boire un coup, j'ai l'impression qu'elles ne répondent plus. Tout y passe : lait concentré, barres céréales, fromage, bonbons et panaché. Un bon repos et je pars pour la montée jusqu'à Rimplas et sa forteresse. Merci à vous, Leila, Edin, Julien, Adin pour cet instant devant un verre à St Sauveur et bonne fin de vacances à vous....

    Sur le chemin, ce sont des dizaines de cigales que j'entends. Elles s'éteignent sur mon passage et se rallument ensuite. Je prends des bouffées de chaleur de temps en temps, comme dans le Sud. Les chênes ont fait leur apparition au vue de l'altitude. Oui, plus de 2000m de descendu aujourd'hui.

    C'est un joli village avec des ruelles de moins d'un mètre de large. L'orage menace encore, mais je suis sous un chapiteau.

    Bonne nuit

    Jean-Yves