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  • 5ème lettre à Valentine

    Très chère Valentine,

    J'ai reçu votre lettre et j'ai attendu d'être en face du Mont Blanc pour l'ouvrir.

    Je vois que vos journées sont très occupées et que vous prenez aussi du temps pour vous.

    J'aurais aimé être allongé dans l'herbe pendant votre baignade dans la rivière à côté de vous. Une gouille assez profonde et large pour vous permettre de nager un peu. Je vous vois renversant votre tête pour lisser avec l'eau vos longs cheveux vers l'arrière. Les dernières gouttes d'eau descendent le long de votre colonne vertébrale dans ce sillon qui fuit vers le bas. Toutes ces gouttes d'eau sur votre corps ressemblent à des perles qui brillent de mille feux. Une goutte, un peu plus importante, descend sur l'arête de votre petit nez et d'une pichenette d'air de votre bouche, elle valse en une multitude de petits éclats de diamant dans la lumière rasante du soir. Sur vos seins, légèrement huilés d'ambre solaire, je les vois accélérer puis ralentir un peu avant de finir leur course folle sur le galbe et sur votre ventre. Vos cheveux sont-ils aussi longs que deux coudées?

    Oui, je suis passé de l'autre côté du lac Leman et c'est un ravissement pour les yeux car quelque soit le côté où je regarde, il y a toujours un sommet qui pointe vers le ciel.

    C'est un peu plus difficile pour les jambes car les montées et les descentes s'enchaînent avec un fort dénivelé mais mes yeux peuvent regarder au loin ces paysages si magnifiques. De plus, depuis les derniers orages, la luminosité est telle que le ciel est limpide et, même si des nuages en forme de mouton se dessinent à partir du milieu de la journée, cela ne fait qu'embellir le vert et le gris de la montagne.

    Un petit désespoir m'envahit car plus j'avance, plus je me condamne à  ne plus vous lire, et plus je vous lis, plus j'ai envie d'avancer. Tel sur le métier à tisser de Pénélope, devrais-je marcher la nuit à reculons.... Comme vous, j'ai envie de baignade et Nice sera ma gouille.

    Le ruisselement de vos mots sur le papier embellissent mes douces soirées et j'entends avec impatience ces petites chutes d'encre qui descendent la montagne pour me faire rêver....

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 31 juillet à La Chapelle d'Abondance

    Grand bleu, 14°, 50 % d'humidité

    Aujourd'hui, je passe à côté de la Dent d'Oche 2222m et les Cornettes de Bise 2432m, l'étape va être un peu longue mais bon.

    Je pars directement dans le dénivelé positif et jusqu'au lac d'Arbon, ce ne sera que de la montée. Je passe sur une ligne de crête et oh surprise, je vois le Mont Blanc.

    Mont Blanc.JPG

    Il est d'un blanc bleu limpide, il pointe son doigt directement vers le bleu indigo du ciel, il est fier du haut de ses 4810m. Malgré son dos bien rond, il est parfois cher de toucher sa bosse et sans trop le vénérer, le respecter tu dois. Je toucherai dans la descente un bout de son manteau laissé là encore pour quelques jours, je marcherai même sur le névé.

    Je me retournerai quelques fois car le lac Leman, vu d'en haut, devient un miroir. J'ai l'impression qu'il manque un bout de terre mais, très vite, Eole viendra mettre son grain de sable pour rayer la surface. Il n'arrivera pas à lui enlever sa couleur, juste à lui rajouter un peu de blanc.

    Lac Leman.JPG

    Je continue ma crête et toute une partie sera dans les hautes herbes trempées, comme mes pieds au bout de trois minutes. Au col des Portes d'Oche, je ferai une pause casse-croûte et mettrai mes pieds à sécher, car la peau molle favorise les ampoules.

    Je suis au pied de la Dent, avec à l'Ouest le lac Leman, à l'Est le lac d'Arbon. J'aurai un gros moment de nostalgie en traversant sur les hauteurs du lac d'Arbon.

    Au prochain col, normalement, plein de bouquetins, je devrais croiser. Effectivement, il sont là, sur les hauteurs de droite, majestueux avec leurs cornes annelées. Je regarde vers le haut et du coup, les gens qui passent à côté de moi découvrent eux aussi les belles bêtes.

    Allez, encore deux montées, suivies de deux très grandes descentes, l'arrivée sur la Chapelle est longue et fastidieuse, mais le panorama me fait oublier mes jambes.

    Au dernier col, je vois les Grandes Jorasses et la Dent du Géant à Chamonix.

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 30 juillet à Le Crêt

    Grand beau, 26°, 50 % d'humidité

    Bon, voilà, j'ai craqué. L'appel de la vraie montagne a parlé. A midi, j'ai décidé de profiter du beau temps pour marcher un peu. Ce n'était pas prévu, mais justement, c'est bon les imprévus.

    Mon frère Dominique est venu me chercher hier à Nyons et m'a fait faire le tour du lac.  Après avoir passé une nuit chez lui, j'ai revu un peu le matériel, pris un duvet plus léger encore et j'ai gardé le strict minimum.

    Je quitte le Lac Leman sans regarder derrière. C'est devant que ça se passe et c'est en arrivant au village de Reyvroz que, face à moi, s'ouvrent les montagnes, enfin.

    J'ai presque envie de faire une photo toutes les deux minutes tellement c'est beau. Après ce court repos, les jambes sont légères mais je savoure cette vue magnifique. Les rivières que je croise ont cette couleur laiteuse après les orages d'hier, c'est la montagne.

    C'est la Dranse que je croise au fond de sa gorge, elle vient de Morzine. Je vois plein de sommets autour de moi, ce calcaire qui va du gris clair au presque noir, qui émerge au dessus des forêts de conifères.

    Ce soir, je bivouaque à environ 900m et derrière moi, la montagne à gravir demain et face à moi, le soleil couchant, à gauche le Roc d'Enfer 2243m et la Pointe de Chalune 2116m, à droite en contrebas, le lac Leman que je ne vois pas.

    Le soleil va commencer à sortir sa palette de couleurs chaudes du soir et les coups de pinceaux mis sur les sommets des montagnes ne sont pas posés à la va-vite. Doucement, il prend le temps de bien choisir la couleur avant de faire exploser mes pupilles. Jusqu'à ce qu'il se couche, je garderai les yeux écarquillés avant à mon tour de rejoindre Morphée.

    Le Cret.JPG

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 29 juillet -Arrivée à Nyons (Suisse)

    Heu! il tombe des hallebardes, 17°, 70% d'humidité

    Adeline et Jean Baptiste.JPG

    Je me réveille après une super nuit chez Adeline et Jean-Baptiste et je regarde par la fenêtre et je n'ai pas envie d'y aller. Il pleut, il pleut depuis hier soir.

    Adeline m'offre le petit déjeuner, je finis mon sac et ce matin, poncho et parapluie. Merci à ce jeune couple vraiment très gentil et très sportif et bonnes futures randonnées à ski.

    Quoi dire? Il pleut à seau, j'ai les pieds trempés en deux minutes. Je récupère le GR et la tête enfoncée sous le parapluie, je mets un pied devant l'autre. Je ne vois pas grand chose, je suis à la limite pluie nuages.

    Je passe devant La Cure et la frontière par la même occasion. J'essaye de comprendre le balisage car plus de marques blanches et rouges, ici, des petits panonceaux jaunes et des losanges jaunes. Les marques sont très espacées et ne sont qu'au changement de direction. Je vais m'y faire.

    J'arrive à St Cergue, c'est vrai aujourd'hui, je ne m'attarde pas. La route fait de nombreux lacets et mon chemin les coupe tous. La pluie redouble. Je suis dans la forêt et les rares fois où la vue pourrait être dégagée, le temps m'empêche de voir. 

    J'arrive dans la plaine et me dirige vers le port de Nyons. C'est tout inondé ici. Je rentre dans Nyons, la pluie cesse. Je croise plein de monde, je n'ai plus l'habitude.

    Deux, trois photos du Lac et de la France en face, c'est pour mercredi. Je passe une journée de repos chez mon frère avant de reprendre la marche.

    Lavage du bonhomme et du sac à dos complet, une remise en condition complète. Ca va faire du bien après 34 jours de marche non stop.

    plaine avant Nyons.JPG

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 28 juillet aux Rousses

    Couverture nuageuse beurk, 20°, 60 % d'humidité.

    Merci au TY NORDIC, l'hôtel restaurant d'Olivier et Nathalie pour leur accueil et la douche salvatrice.

    Réveillé de très bonne heure par une voiture, alors en avant, je distingue plus que je ne vois le balisage, le gris sombre des nuages ne m'aide pas. Et de plus, je rentre dans la forêt, il est où le loup?

    En arrivant à la Chapelle-des-Bois, je sors de l'alpage et les quelques gouttes tombées font ressortir l'odeur du foin. Hier soir, ils ont travaillé tard pour faire les bottes de foin et les charger sur les remorques, la météo a annoncé du grabuge.

    Je poursuis par un chemin carrossable et je quitte le GR de la carte, je vais vers Bellefontaine en passant au dessus d'un joli lac.

    Les ennuis commencent là. Plein de GR et des directions différentes, dont une vers Morez. J'ai rien à faire là-bas, moi. Allez, je reprends le GTJ, un autre sentier qui croise le GR 5 plus haut. Et voilà, perdu je suis, enfin, pas tout à fait mais sur ma carte aux 100 000, je suis sous mon pouce.  Je prends un azimut par défaut et décide de retomber sur la route pour enfin reprendre mon GR.

    Je monte la route et je croise un couple de vététistes et j'entends Thionville! Ce sont des Lorrains qui habitent les Rousses. Rendez-vous pour cet après-midi, je suis invité. Ils sont bien ces Lorrains. Adeline, Jean-Baptiste et Zoé, leur petite fille. Même si Adeline a un VTT à pile, ça ne l'empêche pas de tirer Zoé dans la remorque et que fait Jean-Baptiste pendant ce temps-là?

    Je n'aurais pas dû, le GR suit les pistes de ski de fond. Ce sont des pistes carrossables, faites en gros cailloux. Attention les pieds, ils vont recevoir et ils ont reçu.

    GR 5 EN ALLANT AUX ROUSSES.JPG

    Jamais plus je ne reviendrai à pied ici pour le GR 5, paradis du VTT, sûrement, mais pas du marcheur. 20 km sur ces chemins en pierre ou goudronnés, j'aime pas. De plus, je ne vois rien, un bout de piste qui tourne au loin et de part et d'autre des grands sapins et ça recommence. La fin sera laborieuse pour ma tête et mes jambes, ça n'en finit plus.

    Oui, je suis au chaud et à l'apéro.

    Jean-Yves