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GR 5 - Page 12

  • Deuxième lettre à Valentine

    Chère Vous,

    Oui, j'ai vécu avec une femme une très longue histoire d'amour. Pendant plus de vingt ans, j'ai aimé une femme, je ne sais si cela cessera un jour, mais aujourd'hui c'est différent.

    Je n'ai pas toujours été présent, pendant toutes ces années, du fait de mon métier de militaire, mais j'ai toujours essayé de faire du mieux possible. Elle est intelligente, autonome et c'est grâce à cela que nous avons deux très beaux enfants. Nous avons partagé énormément de choses et je ne peux regretter les années passées à ses côtés.

    Oh, tout n'a pas été tissé d'un fil de soie, mais quel bonheur! Ensuite, la vie nous a rattrapé une première fois et je n'ai sûrement pas été à la hauteur à ce moment-là. Un manque de communication a, ce jour-là, cassé quelque chose de bien profond. Ca s'est installé au fond de son coeur pour n'en sortir que des années plus tard. Puis, j'ai fait l'idiot à la recherche de ce que je croyais perdu chez moi...

    Aujourd'hui, je suis seul, devant moi une longue marche. Je n'ai rien à lui reprocher, à moi plein de choses, mais ça, c'est une autre histoire. Oui, dans sa vie future, je lui souhaite enfin de trouver quelqu'un à sa mesure, d'être heureuse et de trouver le bonheur. On avait des projets de voyage, je crois qu'elle les concrétise. Sois heureuse et bon karma dans ta nouvelle vie...

    Moi, voilà aujourd'hui quinze jours que je marche avec plus ou moins de bonheur en suivant le GR 5. Il est parfois difficile à suivre, mais avec mon expérience, je ne reste jamais trop longtemps à côté.

    Depuis deux jours, je suis accompagné par les fleurs, la digitale pourpre. Je n'ose même pas la toucher, beaucoup de poison, elle a.

    J'ai changé de biotope, je quitte le plancher des vaches pour m'élever un peu, déjà deux passages à plus de 1000 m d'altitude.

    Les forêts n'ont plus le même aspect et le sol est beaucoup plus sec. Une chose me ravit : la vue. Je vois par moment loin ,très loin et c'est un bonheur simple que de s'assoir et regarder sans but en mangeant un bout de pain et du saucisson.

    Les senteurs ont changé. J'ai perdu l'odeur des foins, des fermes avec les vaches et je croise de plus en plus de moutons. J'ai des odeurs de fougères, de pins et d'humus et sur les crêtes, le vent balaie tout cela.

    Cela fait deux jours que je foule une zone énergétique, connue et reconnue. Je m'ouvre à tout cela et peut être, demain, une plénitude sur le mont St Odile.

    Je ne suis qu'au début du sentier mais les rencontres faites sur le chemin sont extraordinaires.

    Je ne dis pas que tout est écrit, mais il est toujours étonnant de croire que le livre existe....

    A très bientôt

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 10 juillet à Le Hohwald

    Grand bleu, 17°, 54 % d'humidité

    Départ 7h30. Juste derrière une église qui a sonné toute la nuit, non seulement un son de cloche pour toutes les heures mais pour éviter de se tromper en comptant, elle vous envoie trois mini carillons avant. Réveillé à 6 h par une volée de cloches pendant cinq minutes. J'imagine toujours le curé pendu à sa corde pour faire sonner les cloches. Il y prend du plaisir le bougre.

    Donc, départ par un joli escalier de pierres et chemin jusqu'au chateau.

    Aujourd'hui, je passe par le Struthof et j'ai décidé de la visiter: c'était sans compter sur le Club Vosgien.

    Merci à vous, grâce, non plutôt à cause de vous, je suis passé à côté. Oui, je suis en colère.

    Depuis quelques jours, le fameux GR 5 se pare d'une nouvelle marque :

    Balisage GR club des vosges.JPGUn rectangle blanc avec au centre un petit rectangle rouge, voir même plus que le rectangle rouge. J'arrive à le suivre sauf quand il n'y a rien. Déjà ce matin au premier carrefour, quatre pistes. Je suis obligé de les faire une par une pour savoir laquelle prendre (je sors la carte, pas le choix). Un peu plus loin, un panneau, Le Struthof, un kilomètre et là, un carrefour, pas une marque, je suis habitué, donc c'est tout droit, oui, juste après la très grosse ferme, superbe.

    Je marche un kilomètre mais ça ne me plait pas, je devrais être sur le versant est et pas ouest... Je vais essayer de couper pour rejoindre les rectangles rouges. Je trouve du losange rouge, du rond rouge, du carré mais point de GR. Et me voilà dans la verte pour un moment.

    Je passe par Natzwiller, je n'ai plus le choix et remonte par le Champ de Feu, 1075 m, je fulmine!

    Que dire, quand même grâce à eux, j'ai fait une belle rencontre, Fabienne, entre pratiquants de Reiki!!!

    Etonnant la croisées des chemin, merci pour ces cinq minutes de charme et de sourire.

    Fabienne Le chemin de Feu.JPG

     De plus, je suis sur un croissant énergétique en ce moment. Il va du Donon, 1008 m, en passant par Le Champ du Feu, 1075 m, où je suis avec Fabienne et se termine au Mont St Odile. Je prends tout ce qu'il me donne, par tous les pores de ma peau.

    Puis je redescends par le GR à Le Hohwald. Le GR veut m'emmener directement au camping, je descends par l'autre sentier et je profiterai de la cascade un peu plus bas.

    Quelques réflexions : comment se fait-il qu'ici les marques du GR soient différentes. Il me semble que ce sont deux rectangles identiques, un rouge un blanc accollés par leur grand côté. Ici, c'est un grand rectangle blanc, sinon rien et un rectangle rouge au milieu.

    Demain les Alsaciens vont mettre un coeur rouge au centre d'un gros rectangle blanc, les hauts savoyards, un reblochon rouge au centre d'une tome blanche...Le GR, sentier de Grandes Randonnées, national, restons simples. Je suis un montagnard, un vrai, avec son caractère et il en faut, mais où sont les vraies valeurs? Tous les GR ont le même signe. La peinture, maintenant, est bio pour protéger nos arbres, mais quand je vois une pancarte avec trois ou quatre chemins différents sur le même petit bout de plastique, je dis stop!

    Le GR doit être simple à suivre, même pour un néophyte, je suis désolé, ici, ce n'est pas le cas. Il manque beaucoup trop de marques pour être serein. Question de budget, va-t-on me répondre. Et le budget pour les autocollants qu'il y a partout du Club Vosgien, toutes les pancartes possèdent le leur. Faites comme au théâtre : ce soir, le balisage est réalisé par le Club Vosgien, les costumes par Donald Cardwell... et posez une pancarte au début de chaque itinéraire. Vous souffrez de non-reconnaissance?

    Et que dire de ces nouvelles petites flèches qui servent au balisage : on ne sait jamais ce qu'elles visent quand il y a plusieurs chemins... je peux comprendre que la priorité est devenue vos sentiers touristiques, il y en partout : circulaire du château, circulaire de l'abbaye etc... Ah cela les ronds multicolores, ils sont gâtés!

    Allez demain Mont St Odile....

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 09 juillet à Schirmeck

    Grand Bleu, 17°, 54 % d'humidité

    J'ai passé la nuit à l'hôtel du Prieuré à St Quirin et hier visite du village par Valérie.

    Valérie St Quirin.JPG Ca y est, j'ai trempé les pieds dans la fontaine du miraculé de St Quirin, ça soigne les maladies de peau.

    Ensuite visite du jardin aromatique du curé du Presbytère du village. A voir avec ses trois bulbes, des vraies senteurs : le fenouil, la tanaisie, menthe bergamote, l'aspirule odorante (le valdmeister en patois), l'origan et... j'en ai plein les doigts à force d'écraser quelques feuilles pour faire sortir les effluves.

    De plus, si vous passez par-là,  arrêtez vous manger. Il me manque deux doigts à force de les lécher (photo du menu du soir dans l'album)... Accueil souriant et enjoué de Valérie et Didier (mari et chef cuistot). Lui, au moins, il est chef chez lui... Essayez de faire rire au éclat Valérie, pour entendre son superbe rire. Elle vous parlera de son village avec ferveur, mais aussi des plantes et de ses dégustations de vins. Ici, pas de crachoir et avec le chef, engagez le sur la pêche à la mouche, il prend le fouet pour les blancs en neige et pour la truite.

    Je quitte ce petit village qui est sur la route du sel à 8h30. Enfin la montagne! Dès le départ, j'ai l'odeur des pommes de pins, des odeurs poivrées, certaines anisées et d'autres que je n'arrive pas à reconnaître, qui successivement remplace la précédente.

    C'est bon, je suis dans mon élément. Tout droit sur le Donon, 1 008 mètres. Je m'élève progressivement et enfin j'ai des vues lointaines, jusqu'aux Vosges. Je vous vois...

    J'ai croisé un arbre tellement grand et gros que j'ai posé mes mains dessus pendant une minute. Je suis reparti avec des étoiles dans les yeux, bizarre... J'ai encore engagé des duels à morts, sales bêtes...

    Au pied du Donon, il me reste 200 mètres de dénivelé, presque tout droit, outch...étrange, on dirait le Colisée en miniature.

    Temple Le Donon.JPG

     Sur le sommet, 14-18 est passé par là, vu les inscriptions laissées dans le gré.

    Je fais une pause sur une dalle de gré, énorme, qui surplombe la vallée. J'ai l'impression d'être sur la table à l'Aiguille du Tour, à Chamonix... Redescend sur terre, ici les Celtes ont laissé leurs âmes, il ya des vestiges d'un temple gallo-romain.

    Je ferme les yeux, j'entends des voix, 14-18? Ca parle allemand!!! Je me redresse, des touristes, pfff.

    Allez, je repars dans la descente, jusqu'à Schirmeck, oui à tes souhaits, par de jolis escaliers en pierre et divers chemins d''où j'aperçois une grande cheminée en brique. Ca distille le Schnaps ici?

    Bonne soirée,

    Jean-Yves

  • GR5 - BIVOUAC DU 08 juillet à St Quirin

    Grand Bleu, 24°, 54 % d'humidité

    Départ 5h du mat. Hier soir, j'ai fait le point sur la carte et je n'en crois pas mes yeux, alors je décide de partir tôt.

    Une rencontre avec les enfants de Diane-Capelle, beaucoup de questions, une photo.

    Enfants de Diane Capelle.JPG

    Je repars le long d'un canal et je rêve, car c'est un projet qui occupe mon esprit : descendre les canaux de France avec un canoë et une pagaie... bientôt, pour le moment, je marche.

    Paysage bucolique de campagne de France, rien d'exceptionnel, si ce n'est que j'aperçois encore cette grosse antenne de béton en me retournant. Elle était plantée quelques kilomètres avant Rhodes.

    Mais au détour d'une montée, yes! Le Donon, face à moi, au loin. J'accélère le rythme. Mon but, arriver vers treize heure à St-Quirin, car je sais qu'il y a un Logis de France ouvert, ce soir, c'est hôtel...

    Je traverse une région extrêmement riche : ils ont goudronné tous les chemins ici. Pas moyen de marcher sur une piste en terre. Le GR5 prend le bitume, je fais une étape 100% goudron. Pour être correct, 1 000 mètres de piste pour 40 km d'asphalte. Je comprends que je sois seul ici. La propriétaire du Logis dit que tous ceux qui passent par là font le même constat. Tu m'étonnes, Charles...

    De plus, je monte sur trois kilomètres et descend sur 500 mètres, je monte six kilomètres et descend sur 600, je ne suis pas dans le bon sens, lol!

    J'avoue, pas trop fait attention aux saveurs du terroir, c'était plutôt une étape marathon, car à partir de demain changement de décor.

    J'ai rencontré Dominique Dada, un pélerin qui a commencé à marcher en 1996, avec une interruption de six ans dans une abbaye. Il a fait presque toute l'Europe à pied : chapeau bas!

    13h40, j'arrive au bout, un peu de temps pour visiter le village, l'un des plus beaux de France. Village super chouette, coincé entre deux petites vallées, son ruisseau et son lac, une église perchée sur la hauteur et l'autre église a deux clochers...

    16h30, je vais boire un panaché en terrasse, après être passé chez le boucher, ravitailler un peu...

    yoda a st quirin.JPG

    Bonsoir

    Jean-Yves

  • GR 5 - BIVOUAC DU 07 juillet à Rhodes

    Grand Bleu, vent d'Est fort, 24°, 44 % d'humidité.

    marie laure et didier.JPG

    Il est des croisées de chemin bizarres quand même! Je n'aurais jamais pensé entendre la Sidi-Brahim (le chant des Chasseurs) dans l'église de Marsal. Invité par Marie-Laure et Didier à dormir chez eux. Le soir, nous sommes allés écouter de la musique de la cavalerie. Du classique, du rock, du jazz.. et une ou deux musiques militaires...

    Réveil? A 10H30, petit déjeuner préparé par mes hôtes, digne d'un grand hôtel. Dommage que le GR 5 ne fait pas une boucle, je repasserai c'est sûr... Je suis même parti avec le casse-croûte du midi : melon, sandwich et fromage à la mirabelle...

    Merci à vous deux et si votre maison est sur le GR 5, il doit y avoir une raison.

    Allez, 11h30, je mets les jambes en route. A mes côtés, Marie-Laure en Flip Flop et Didier pieds nus. Ils m'accompagnent jusqu'à la croix, puis jusqu'au sommet de la côte. Je leur fais envie, ils sont à deux doigts de tout larguer et venir avec moi... mais après les embrassades, chacun sa route, chacun son chemin...

    sortie RHODES.JPG

    Ce n'est pas le bon chiffre, 90, vous devriez lire! 90% de bitume, étape de goudron, mais où sont les chemins? Que des routes et encore des routes... Je comprends pourquoi le balisage est inexistant, aucun randonneur sensé se lance dans ce coin-là ou alors en vélo, génial, mais à pied!!!

    Heureusement que le vent d'Est me vient de face, car avec la chaleur de là-haut et celle d'en bas, je me croirais dans un four position rôtissoire. Non, je ne suis pas embroché.

    De plus, je reprends la "topo" car pas moyen de laisser la carte dans le sac. J'ai voulu prendre léger alors j'ai des cartes au 1/100000 (1cm=1km), nous dirons donc, pas très précises. Beaucoup d'intuition, il faut, la force toujours avec moi je prends, une carte au 1/25000, tu prendras pour ici.

    Aujourd'hui le vent me dépose énormément de senteurs. La plus agréable, le foin fraîchement coupé avec une pointe d'anis. Ces espèces de grandes ombellifères qui coupées embaument l'espace de l'odeur du Ricard, de l'anis pardon! La plus mauvaise, l'odeur nauséabonde d'une bête morte quelque part loin devant.

    Après cette demi-journée de repos, j'ai mis la poignée des gaz à fond. Environ sept heures de marche, ben à peu près 40 km. Les Vosges m'appelent, je ne suis pas attaché comme Ulysse, moi... les sirènes des Vosges, heu c'est plutôt les sucreries...

    Jean-Yves

    PS : oui, Marie-Laure est blonde et alors... et alors...pffff