LA MANCHE

J'ai enfilé la Manche comme on enfile un pull, ah! Je les entendS encore dire : " il pleut pas donc il fait beau..."

J'ai entamé la Manche en franchissant la Baie de la Somme en arrivant à Quarentant. Sur la carte, cela ressemble à une trompe d'éléphant. Je vais faire trois ou quatre incursions dans le bocage Normand et sinon, je serai en permanence sur le littoral. Le bocage est constellé de petites parcelles entourées de haies ou de futaies. Dans le haut, elles sont toutes entourées de murs de pierres sèches.

Ici, je voyais l'Irlande mais sans la pluie car j'ai eu de la chance, trois jours sans nuages. Il y a même un monument érigé au nom de ceux qui ont dit non au remembrement, fabuleux non?

La Manche fait partie de ces côtes dont le soleil se lève sur la mer et va dormir au dessus des champs. On pourrait se croire dans un autre pays. Ce qui est étonnant sur les plages, c'est le sable. Il faut bien choisir sa plage car, à quelques kilomètres près, ce sont des galets.

J'ai croisé le plus petit port de France "Le Port Racine", tout petit encastré dans sa petite falaise. Il y a tellement de cordages qui le traversent que l'on pourrait croire qu'une araignée a tissé sa toile. Je dormirai au pied du Phare de la Hague avec un coucher de soleil des plus magnifiques. Mais aussi avec une impression que la mer se transforme en rivière tellement le courant est impressionnant. Je me suis laissé bercer par la mer et pas besoin de Morphée pour s'endormir.

Je longerai des plages ou prendrai pied sur elles sur plus de dix kilomètres d'affilée. Le sable sera dur ou mou en fonction de la granulosité de celui-ci, mais chaque fois, j'aurai une largeur de plage découverte grandiose à marée basse.

Eole aura définitivement pris ses quartiers d'été avant l'heure car seulement deux jours sans vent, je connaîtrai. Entre falaises, montagnes, bocages, plages, routes et chemins, j'ai parcouru le pourtour du Cotentin.

J'ai vu des paysages très variés, de jolis villages, rencontré des gens exceptionnels et subis les affres du temps. Mais merde la France est belle. Et que dire de ce Mont-St-Michel, dont j'arriverai au pied en traversant la Baie, pieds nus, bonheur et fin du voyage.

Je regrette de ne mettre baigner qu'une fois mais je ne suis pas Normand moi, j'aime les eaux plus chaudes. Je comprends mieux maintenant pourquoi, chaque été, il existe une ruée vers le sud pour aller chercher chaleur et soleil.

Mais que serait la Manche justement si cela ressemblait au Sud. Ne changez rien surtout car cela donne une luminosité fabuleuse et je pense revenir un jour lors d'une tempête, afin de voir la terre résister aux assauts de la mer.

J'ai pris la Manche avec humilité car en pleine commémoration des 70 ans du 6 juin 1944, je la quitterai avec l'abbaye des moines militaires entre les deux que du bonheur.

Maintenant je sais à quoi tu ressembles et même si tu es attachée au pull de la France, le pull ne serait que manchot sans toi...

Jean Yves

30 JOURS

Voilà un périple qui finit, après 1012 km d'après mon GPS. Ce ne sont pas tellement les kilomètres qui sont pour moi le plus important mais c'est plutôt ce que j'ai vu, entendu et tout ceux que j'ai rencontrés.

Je sais, c'est impressionnant pour pas mal de personne, mais je vous promets que ce n'est pas un exploit. Je suis bien portant et c'est moi qui ai décidé de partir.  C'est juste une question de vouloir et de temps. Pour un exploit, il aurait fallu à mon sens être un handicapé quel qu'il soit. Je n'essaye pas de minimiser ce que je fais, juste à mon sens, de rétablir ma vérité, beaucoup de personnes pourraient faire la même chose ...

J'ai marché plus ou moins vite selon mon humeur mais surtout en fonction du temps, de la météo. Le temps, je l'avais pour moi, pas d'horaires à respecter, juste faire comme je le sens. La liberté totale, aucune emprise sur l'heure, je m'arrête où je veux , quand je veux. J'ai envie de m'arrêter parler, plaisanter avec des esquimaux,  euh,  non ici, ce sont des autochtones, je prends le temps de le faire. Merci à tous ceux que j'ai rencontrés, vraiment merci.

Comme pour le GR 5, j'ai rencontré des personnes merveilleuses, des échanges souvent éphémères, sans lendemain mais tellement agréables. Puis il y a, des rencontres un peu plus intimistes avec projet de retrouvailles, j'en garde de très bons souvenirs quoi qu'il arrive.

Beaucoup retiendront la moyenne d'environ 35 km/jrs, mais je vous assure, ça fait juste un peu plus de 4km/h de moyenne car je marche longtemps par jour. Le temps m'y a aidé, je n'ai pu me mettre au soleil pour me faire bronzer, il a toujours fait frais à mon sens. Il est bien évident que pour un Ch'timi et un Normand, il fait beau ici à partir du moment où il ne pleut pas.

J'ai rencontré, foulé de très beaux endroits, vu des merveilles de la nature française. Mes yeux ont imprimé tellement de belles images que, pour le moment, en faire le tri n'est pas évident. Je n'étais jamais venu ici et c'est pourquoi j'ai entrepris cette marche. J'aime bien visiter la France au rythme de mes pas et encore une fois, je ne suis pas déçu.

J'ai,cette année, porté  l'image de l'association "Vaincre les Maladies LYSOSOMALES". J'espère que certains iront au moins voir ce que sait, que d'autres se rapprocheront d'eux. Moi, j'espère juste que j'ai aidé à la faire connaître un peu mieux.

Je conclurai par cette dernière étape de l'arrivée sur le Mont St Michel par la Baie. J'ai consumé de dire un peu partout que les chemins ne se croisent pas par hasard et que certaines choses se font naturellement. Personne ou très rarement ne fait la traversée de la Baie. La traversée de la Baie se fait en ce moment, mais il suffit d'être là au bon moment et de savoir accepter l'opportunité qui se présente. Merci pour cette arrivée splendide  afin de clore cette fin de cheminement.

Et merci à Maryse " SOFYDAN-ÉDITIONS" pour le travail fait dans l'ombre.

Jean-Yves

 

29ème JOUR : DE ST-JEAN-LE THOMAS AU MONT-SAINT-MICHEL

4H00 de marche, 9° au réveil, 66% d'humidité, 34km, grand beau et vent

Denis merci, Denis, hier soir, s'était proposé de venir me chercher, il avait une réunion et devait faire beaucoup de kilomètres pour venir me chercher. Après une grande réflexion, et parce que je ne veux pas le déranger de trop, j'annule. " Les Chemins ne se croisent jamais par hasard".

Je pars à 6h30, car je vois que le soleil va peut être éclairer le Mont, histoire de faire une belle photo. Je plies rapidement car il fait vraiment pas chaud ce matin, c'est le plus froid depuis le départ. J'ai les pieds dans le sable dès le départ et ce rocher surmonté d'une abbaye dont mes yeux n'arrivent pas à se détacher.

Les couleurs sont fabuleuses, et je mitraille de tous les côtés. La marche est pénible car le sable est mou. J'approche du Bec d'Andaine et j'ai l'impression de pourvoir le toucher. La tentation de prendre directement sur lui et tentant. Dans ce moment de quiétude et très silencieux, j'entends des braillement au loin. Il est huit heures du matin, il y a une soixantaine de jeunes qui déboulent sur la plage. Je crois que ma chance arrive par un concours de circonstances.

Ils sont pieds nues et à cette heure-là, c'est qu'ils traversent. Je dis bonjour à Guillaume, et d'emblé me propose de suivre à l'arrière du groupe. Je me retrouve avec Jack, merci à ces deux guides. Je vais arriver au Mont St Michel avec beaucoup d'avance du coup. Mais l'apothéose, j'y arrive par la Baie avec les explications en plus.

 

 

 

La mer avance à 25km, et le plus rapide  a été 35km, il faut être passer à temps. J'ai vu ces fameux sables mouvants, l'impression de marcher sur un tapis flottant avec de l'eau dessous. Je prends un Max de photos. Ce n'est pas tous les jours que j'arriverai par ce côté-la. Je finis par une partie très glissante, me rince les pieds aux robinets car je finis un peu dans la vase. Je prends le temps de visiter toutes les petites ruelles, même l'abbaye. Très belle vue aujourd'hui avec ce ciel bleu, la Normandie me souhaiterait bonne vent...

Le journaliste de "La Manche Libre" me donne rendez vous, sous le porche d'entrée pour faire une ou deux photos et un petit interview...

Le vrai périple commence maintenant pour rentrer chez moi, car là je dépends entièrement des autres et ça commence fort, la SNCF est en grève. Rennes, en stop j'arrive...

 

 

Ça y est demain on se quitte pour un petit moment, j'espère bien repartir bientôt, moi sur les sentiers de France. Cette arrivée sur le Mont, c'est un concours de situation qui fait que c'est possible. Il dit que ça devait ce faire, c'est tout, c'est comme ça. C'est bien quand cela finit aussi, il est temps d'aller se reposer un peu car c'est pas tous les jours facile de bien dormir. Je crois que la galère commence maintenant pour rejoindre son domicile mais il prend ça avec philosophie, il est zen, je vous le dis, à demain pour le dernier papier...

 

28ème JOUR : DE HAUTEVILLE-SUR-MER À ST JEAN-LE-THOMAS

8H20 de marche, 17°, 62% d'humidité, 40km, nuage et vent fort.

Hier soir, je suis récupéré par Stéphane qui m'invite chez lui. Douche, lavage etc... Et soirée chez une de ses amies. Il y a sa fille aussi championne de France en squash en moins de 11 ans, chapeau bas. Merci à toi, Stephane pour cet accueil chaleureux et que la vie devienne meilleure...et ça y est j'ai les logos de l'association collés sur les vêtements.

Départ de hauteville sous les flashs de Stéphane, et me voilà parti sur le chemin du littoral. Je longe la plage, les maisons et empreinte les chemins de campagne.

Je contourne le Havre de la Vanlée et le traverse par une route inondable. Elle porte encore les trace de la marée et sur les piquets, la trace de l'eau est bien à 50cm. Me revoilà sur la plage pour rejoindre Granville, mais je dois sortir à Donville-les-Bains car une falaise me barre la route. Je rentre dans Granville par des chemins abruptes et arrive dans une ville fortifiée. Christian Dior serait passé par là. Chouette ville avec des hauts et des bas, des remparts, des escaliers de partout, des ruelles sombres et une vue sur les toits de la ville imprenable.

Je quitte la Pointe du Roc et après avoir remonté une grosse bosse, je retrouve la plage et la marée basse. Tout droit, pieds nus, je vise Jullouville mais j'ai envie de continuer. Je m'arrête  prendre un verre chez Agnès, c'est vrai il fait beau, il pleut pas, me dit-elle, et oui elle est d'ici. Un bon moment partagé avec Agnès et le verre de l'amitié, merci tout plein.

J'ai envie de passer les Falaises de Champeaux. De la plage, je remonte sur le haut des falaises outch. J'ai l'impression de repartir de Goury, en l'espace d'un claquement de doigt, je me retrouve en montagne. Tiens, ça y est, j'aperçois les Bretons en face et j'arrive à la Cabane de Vauban, encore lui, et là, et là, et là, il est là. Je le vois, il est là.

 

 

Je vois le Mont St Michel, je vais lui tourner autour un bon moment avant de le gravir. Je marche mais mes yeux n'arrivent pas à se détacher de lui. J'essaye de faire attention quand même où je pose les pieds. Je domine la Baie, avant de redescendre sur St-Jean-le-Thomas

Jean-Yves

Ça y est, on y est, on est pressés d'arriver, enfin moins depuis qu'on le voit. Il prend d'avantage son temps. Ses pensées se demandent pour le moment s'y il tente de traverser seul la Baie, je pense que demain au Grouin du Sud, il observera consciencieusement...il a dit : on verra.

Sinon aujourd'hui, il porte les couleurs de l'association, sur son short et tee-shirt. Je sais pas combien de fois, il a dû expliquer ce qu'étaient les maladies Lysosomales, mais c'est peu connu, même du milieu médical. Demain on se rapproche encore..

27ème JOUR : DE PIROU PLAGE À HAUTEVILLE-SUR-MER PLAGE

9H30 de marche, 19°, 64% d'humidité, 42km, nuages et vent fort

Hier soir, installé au café, j'ai regardé le match des français et au moment de partir, trois individus, je vous rassure pas louche, m'abordent. Au bout de dix minutes, un me donnerait sa chemise pour me payer l'hôtel, le deuxième m'appelle demain pour venir me chercher pour la nuit et le troisième une bonne discution nous animent. Soirée géniale et là, je vais rejoindre mon porche pour la nuit...

Aujourd'hui , je pars pour le bocage Normand, je laisse la côte pour la journée. Je me dirige vers Coutances à travers les terres. De petites ruelles, en chemins carrossables, en routes goudronnées, en petits villages pittoresques, je vois face à moi deux clochers au loin.

La cathédrale, je peux pas la louper, c'est énorme, et de plus elle est sur la bosse de Coutances. Je ne m' attarde pas trop, un café svp  et je repars à travers le bocage pour aller couper La Sienne. C'est la rivière qui se jette dans le Havre de Regnéville.

Je vais longer le Havre rive gauche par les près salés. Ils sont encore humides de la grande marée de ce matin. Je passe à côté d'un pont détruit en 44, on dirait le Pont d'Avignon. Sur les près salés,  j'augmente la cadence car l'herbe est rasée par les moutons, de plus ça amortit, c'est génial.

J'arrive sur Regnéville-sur-Mer et découvre la Passe de la Collière. Un petit rayon de soleil furtif éclaire le sable très clair dans cet environnement vert. Enfin, je revois la mer qui ne cesse de descendre et heureusement car sinon pas possible par grande marée de passer ici. Me revoilà dans les dunes pour un court instant et débarque par la plage à Hauteville-sur-Mer-Plage.

Le deuxième individu vient me chercher pour la soirée, et ma fois, la douche, ça fait toujours plaisir.

Jean-Yves

Ça y est, il sent l'écurie mon poulain, je ne vous dis pas la cadence aujourd'hui. Deux jours, et je vois le Mont, enfin te voilà! J'ai cru qu'on partait en bateau un instant quand il m'a embarqué à bord.

 

Mais il aurait fallu attendre que la marée remontasse. On est parti de très bonne heure ce matin, ça n'a l'air de rien mais il calcule tout, la marée descendante était même prévue pour l'estuaire, prévoyant il est...