22ème JOUR : DE BARFLEUR À CHERBOURG

8H36 de marche, 15°, 42% d'humidité, 39km, grand beau et vent

Je n'arriverai pas à me faire à ce soleil qui se lève sur la mer. J'ai l'impression d'être parti pour une autre destination.
Je quitte mon abri des boulistes pour suivre toujours et toujours le littoral. Je passe le Phare de Gatteville, Pointe de Néville, Pointes des Mares, Pointe de la Loge, je suis sur la dune et marche dans le sable. Ici, il ressemble à de petites billes toutes rondes, c'est du granit réduit en gros grain rond (voir nivologie). C'est mou sous les pieds et je sors les bâtons pour avancer. Il a la particularité aussi de remplir les chaussures assez rapidement, je vide de temps en temps.

À droite, la mer frappe les rochers et les vagues s'échouent sur les plages des anses avec ce son mélodieux que l'on connaît tous. À gauche, les étangs des marais, avec leurs eaux calmes, juste irisées par les sautes de vents. Les cygnes en profitent pour se laver les plumes et les grenouilles chantent en cœurs, non plutôt dans une cacophonie gigantesque.

Voilà, j'aborde le Cap Lévi, sur les sentiers que j'attendais. Je suis à travers les rochers, je monte, je descends. Une chose me surprend, les fougères. Je suis dans une forêt de fougères et de digitales pourpres, comme dans les Vosges ou le Jura. Serait-ce humide ici?

Une chose que j'ai ressentie à la Pointe de Barfleur, c'est que j'ai vraiment tourné à gauche, tous mes sens l'on senti.

Ici les grandes plages ont été remplacées par de toutes petites anses encerclées de granit. Le sable se bat pour rester comme accroché à la mini-falaise.

Les ombres des nuages sur la mer dessinent à travers les vert émeraudes des tâches bleu sombre. Je me prends à rêver des mers chaudes du Pacifique. Je profiterai d'une anse pour aller comme Adam me baigner, non plutôt me tremper dans l'eau froide.

L'arrivée sur Cherbourg ressemble à Calais, je traverse la zone industrielle pour tomber sur un joli port et son pont tournant.

Ce soir, je recoupe les logos thermocollants de l'association Lysosomale, mais les chemins étaient plutôt sur une parallèle plutôt que sur un carrefour. Alors ce soir, c'est Cherbourg, mais seul, demain, je serai en quête d'un fer à repasser, c'est ainsi.

Jean Yves

 

 

Je sais que Jean Yves aurait aimé une bonne douche, ce soir, il est des fois où ça ne se passe pas comme on aimerait....

Hé ben moi, je ...chut...mmm, mmmmm, mmm, mmm, mmmmm

 

 

21ème JOUR : DE ST-FOXEL À BARFLEUR

7H26, 15°, 33° ET 17°, 64% d'humidité, 34km, pluie, couverture nuageuse

Merci à Hugues et ses enfants pour l'accueil d'hier soir, Juliette et sa copine Samantha, Antoine derrière son ordinateur.

 

 

Je quitte la campagne normande pour rejoindre la mer à Quinéville et mets les pieds dans le sable du sentier littoral. À l'arrivée sur la plage, surprise, il vient de pleuvoir, le ciel est encore plombé, face à moi les Highlands. Je distingue deux espèces de châteaux sortant de terre. Ça y est, j'ai transplané en Écosse. C'est magnifique, il ne manque plus que la cornemuse.

Je remonte le sentier pour cette fois être vraiment au bord de la mer et découvre la Grande Rade J'hésite à couper dans le sable à marée basse, mais suppose des vasières. Je me rapproche du premier château, qui s'avère être le Fort de Hougue et son frère jumeau un peu plus loin le Fort de l'Ilet et tout ça a St-Vaast-la-Hougue ( prononcez comme vous voulez).

J'y arrive par le Cul de Loup, joli bord de mer. C'est encore Vauban qui est passé par là. J'aimerais savoir comment il a pu être partout à la fois en sachant qu'il n'y avait pas l'avion, ni les voitures. Je vais faire trois kilomètres sur une digue où certaines pierres doivent peser plus de 800kg.

Me voilà arrive au Cap, toute la splendeur est là. Les petites anses de sables avec des pierres partout. Elles ressemblent à des dos de baleines et avec la couleur de l'eau, c'est tout simplement magnifique. Jusqu'à Barfleur où je m'arrête ce soir, c'est une succession de petites anses rocheuses, c'est comme cela que je voyais la côte ici. Le 17° du moment me fait légèrement rager mais bon demain peut être.

Le sable est presque blanc et très fin, pas possible d'en mettre dans mon sac, je reviendrais ici...

J'arrive au port de Barfleur avec une luminosité fabuleuse grâce aux nuages pour une fois. Me voilà, dans un joli petit port où il persiste encore quelques bateaux de pêche. Il y a même une église qui ressemble à un château fort. Un petit café svp, et demain j'attaque le sommet du Cotentin.

Jean-Yves

 

Cherbourg nous voilà, comme il fait pas très beau, mon porteur marche. J'aimerais bien qu'il puisse profiter d'une journée de plage à se prélasser. Mais pas encore possible aujourd'hui, ça commence à être triste. Mais lui il garde le sourire continue à parler avec tous les gens qu'il croise, fait ma promotion et me montre, il est dingue, je vous le dis. Je sais pas comment il est formée  non plutôt forgé dans sa tête mais c'est assez costaud là-dedans. Demain on tourne à gauche sur la carte, super, bonne nuit...

 

20ème JOUR : DE UTAH BEACH À ST-FOXEL

6H50 de marche, 22°, 48% d'humidité, 29km, grand beau sans aucun vent

Me voilà à 7h, seul sur la plage de Utah Beach, avec le soleil qui se lève face à moi.

Pendant les quatre kilomètres, comment ne pas penser à ceux qui sont venus ici il y a 70 ans. J'essaye de penser à autre chose, pas moyen. Il y a plein de roses plantées dans le sable, et je lirais même un merci écrit sur la plage. Les avions passent sans cesse comme une piqûre de rappel.

Je vais m'assoir sur la plage un moment et regarder ce couloir éclairé par le soleil levant qui se reflète sur la mer miroir.

Allez,  il est temps de quitter cette plage et de se diriger vers un autre endroit connu : Ste-Mère-Église ( il ne manque aucune lettre, attention).

Je traverse la campagne et point de remembrement ici. Les champs sont entourés de haies de bonne taille. Les senteurs d'herbes coupées flottent doucement dans ce bocage.

Le voilà pendu à son clocher, que de monde ici, je ne m'attendais pas à cela. Des centaines de personnes à pieds naviguent dans les rues de ce petit village. Les prix des boissons sont en hausse, quand l'histoire rejoint le porte monnaie.... Des largages de parachutistes se font un peu plus loin et je vois leurs corolles s'ouvrir et descendre doucement.

Je devais rester ici ce soir mais je file dans la campagne un peu plus loin. De plus, ça me rapproche du littoral, ce qui n'est pas pour me déplaire. Une rencontre avec Hugues, me fait poser mon sac et la nuit sera là.

Jean Yves

 

Et regardez il est juste derrière moi le parachutiste accroché à l'église, ça n'a pas du être facile pour lui...

et vous avez vu la poupinette? Elle est belle avec son calot et sa cravate, je resterais bien là...

 

 

tu l'as vu...oui je sais, c'est ta chérie qui est la plus belle, et j'ai dit que je faisais l'aventure avec toi, Jean-Yves jusqu'au bout. J'ai tellement été impressionné que j'ai oublié de lui demander son prénom...oui j'arrive...

19ème JOUR:DE GRANDCAMP À UTAH BEACH

10H30 de marche, 20°, 92% d'humidité, orage, pluie et plus de 40km/h de vent, que du bonheur!

La cuillère, le bol, la bassine, le tonneau, la baignoire et la coupe, tout a débordé là. Je suis énervé alors oui, je marche, il n'y a rien à voir sous mon parapluie. Cette nuit, orage, m'en fous, je suis bien à l'abri. Au réveil, c'est encore tout gris, il ne pleut pas, je croise les doigts. J'ai dû me tromper de doigts. Il n' y a pas cinq minutes que je suis parti, je passe en MPP. Le vent souffle très fort, je lutte avec mon parapluie pour lui mettre le nez au vent, je ne m'appelle  pas Mary Poppins. Je ne vois que deux mètres devant mes pieds, alors le paysage, désolé. Ah,  si je sens, les vasières découvertes par la marée, la bonne odeur de vase.

Je suis trempé et remonté comme une pendule. Et sur la gauche, des cris de joie, ah oui, je vous assure ce sont bien des cris de joie, des centaines de grenouilles qui vouent louange à la pluie..pfff!

J'arrive à Isigny-sur-Mer, avec le soleil, étonnant car je viens de prendre la décision que je ne ferai pas de livre-photos sur le parcours que j'ai effectué ces 18 derniers jours. Trop de photos sombres et sous l'eau, je n'ai pas envie de faire un livre triste.

Une autre chose pendant que j'y suis, arrêtez de me dire que le chemin de St Jacques est le plus joli. Quand je vous demande ce que vous avez fait : que St Jacques! Je rêve !  Et de me rajouter : mais je suis laïque. Je ne comprends plus ces gens  pour qui, il n'existe plus qu'un chemin en France : St Jacques. Ouvrez les yeux, il y en a plein dont St Jacques. Et si vous êtes laïque, je vous promets que les 1 662km du GR 5 vous ressourceront de la même manière...

Je suis depuis ce matin dans les marais du Cotentin et cela ressemble à une Baie que j'ai passé dans la Somme. Ce sont des dizaines de canaux entremêlés de pâturages, où paissent quelques belles vaches.

 

 

 

À Carentan, je remonte plein nord pour rejoindre la mer. Essentiellement du goudron sur cette parti, pas top pour les pieds, mais j'avance plus vite.

Je pousse du coup à Utah Beach, au moins je verrai du monde. Et pour le coup, il y a du monde, j'arrive en plein FoxTrot, démonstration de danse. Je suis face à la plage, grandiose, avec le soleil dans le dos, je crois que je remonte le Cotentin...

Jean Yves

Le début de la journée se résume par un biiiiiip... Je suis un Lysosome moi pas un champignon pas besoin d'eau. Il est un peu en colère et je crois qu'il m'a un peu oublié aujourd'hui, mais je lui en veux pas car ça y est on est de l'autre côté.

Un petit détour par Ste-Mère-Église et ensuite la mer jusqu'au bout. Demain pluie annoncée, oula, on verra demain matin comme il dit.

 

18ème JOUR : D'ARROMANCHES-LES-BAINS À GRANDCAMP-MAISY

8h30 de marche, 15° le matin,je finis avec 33°, 39km, grand beau

Hier soir, j'ai planté la tente sur la falaise Ouest d'Arromanches. On est cinq ou six, je choisis un super emplacement pour que demain matin, le soleil pénètre par la porte. Très jolis coucher et lever de soleil.

 

Entre les deux, des parachutistes Russes sont lâchés. Puis vient le moment où les 80km de littoral s'embrasent  en même temps. D'où je suis, j'en vois 9, il me semble. Le même feu d'artifice à plusieurs endroits et en simultané. Bravo. On est passé à plus 500 habitants sur ma terrasse.

Les festivités on déjà commencé, barges de débarquement sur la plage, des camions et jeeps de partout, des chars, des motos...retour dans les années 44, ça donne.
Je pars fouler ces plages mythiques. Un peu avant Port en Bessin, je descends sur la plage, pas de sable mais des gros rochers. J'y suis, donc j'avance, et retrouve quelques névés de sable, superbes car très sauvage ce coin. Au Bateaux, je prends pied sur la plage Omaha Beach. Je resterai bloqué environ une heure car notre président et celui des États-Unis sont là. Il y a une foule énorme et des avions, hélicoptères en tout genre. Les monuments à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie ici sont partout et d'une forte symbolique.

Je quitte les plages pour rejoindre Grancamp et le genet embaume sur mon passage. En arrivant, j'ai un aperçu du parc naturel des Marais du Cotentin et du Bessin.

Jean-Yves

 

J'ai fait de la jeep, oui vous avez vu?

Le moral est au beau fixe même si cette nuit a été fraîche malgré tout le matériel employé. Mais c'est rien, il fait beau ce matin et ça chasse tous les em..........es, chut!  C'est un gros mot.

Étape aujourd'hui est de se laver car ça fait deux jours sans douche, moi ça va mais je voudrais pas que les gens nous fuient. On la prendra à Vierville-sur-Mer, l'eau du robinet, 14°, ça pique, mais on sent bon.

On peut repartir et sécher en marchant. Demain, on quitte le Calvados, Cotentin, on débarque nous aussi...