4ème lettre à Valentine
Chère Valentine,
Merci, grâce à votre lettre, je pourrai mettre une couleur sur vos yeux, avec toujours un doute. Il est rare de pouvoir comparer vos yeux à ce petit poisson d'eau douce, que depuis deux jours, je vois partout dans le Doubs mais laissez moi ce mystère de savoir lequel est lequel.
Voilà quatre semaines que je parcours la France du Nord au Sud en espérant trouver quelques réponses à certaines questions mais surtout, à prendre du plaisir à rencontrer des gens.
Je fais des rencontres formidables, même si au premier abord, on me prend pour un fou. 1600 km de Thionville à Nice, ça surprend mais ça aide à délier les langues et les approches sont plus faciles. Beaucoup sont admiratifs, mais je leur réponds qu'il suffit de le vouloir et d'avoir un peu de temps.
Les rencontres de cinq minutes au détour d'un chemin sont aussi belles que celles d'un soir. Je surprends quelques réflexions dans mon dos, une fois lu le fanion attaché à mon sac à dos. Je ris tout seul au ton de la réflexion et quelques fois, j'en plaisante avec l'auteur.
Cette semaine, j'ai eu quelques soucis avec mon corps physique. Je l'ai sûrement un peu trop sollicité par ces grosses chaleurs et il s'est un peu rappelé à son propriétaire. J'ai bien compris le message et je vais faire un peu plus attention à lui.
Quant à l'organe qui le commande, tout va très bien. J'arrive à marcher deux heures en pensant que cela ne fait que 30 minutes. Je m''oublie, c'est génial. J'ai l'impression d'oublier certaines portions. Mais je sais qu'elles sont gravées à jamais au fond de mes yeux, telles deux couleurs différentes.
J'aurais tant aimé être à vos côtés lors de cette ballade dans les prés, caressés par les sautes de vent qui faisaient onduler les blés presque mûrs. J'aurais observé du coin de l'oeil vos mouvements sans me faire oppressant pour éviter de vous mettre mal à l'aise.
Mais, tous les jours, je marche à vos côtés, même si je m'évade très souvent vers des destinations même inconnues pour moi.
C'est lors de ces évasions que j'arrive à monter sur la marche suivante et c'est un peu comme Jack qui monte sur son haricot magique, une fois passé le nuage, la vue se dégage. Si mes yeux ont besoin de lunettes pour voir de près, dans le lointain, tout est clair pour moi.
Je vais finir cette journée en allant regarder dans la rivière les reflets de deux tons différents du soleil qui si reflète.
Jean-Yves