LA SOMME (03/06/2014)

Je laisse la Baie de Somme derrière moi et commence à entrevoir ces falaises de craie jusqu'à Etretat. Je vais découvrir les valleuses et leurs dénivelés, envoûté par la beauté de ces villes et villages, vus dans haut.

Je serai sans cesse accompagné par les goélands qui longent la falaise perpétuellement. Peut être ne sont-ils qu'une dizaine et se relaient pour me faire croire qu'ils sont des centaines de milliers. Mais leurs cris me signifient bien que la mer est juste là, en contrebas. Grâce à eux, je sais que j'approche de la valleuse suivante car la falaise rejoint la mer presque à pic et à cet endroit, ils font demi-tour ou filent vers le large.


Chaque fois c'est pareil, je débouche sur les hauteurs de la ville et pendant un instant, j'observe les maisons. Je devrais dire les manoirs.  Il y a énormément de grandes et jolies maisons. Les ardoisiers font des merveilles sur tous ces toits, car ils y laissent leurs marques par de savantes découpes dans les ardoises afin de dessiner des motifs plus beaux les uns que les autres. C'est vrai que pour cela il faut lever un peu la tête et observer tous ces toits.


Je serai surpris par le relief, non seulement en bord de falaise, mais aussi dès que le GR me fait rentrer dans les terres.

Des forêts luxuriantes, des cultures partout, notamment le lin qui s'approprie la moindre parcelle de terre. En l'espace de quelques centaines de mètres, c'est le dépaysement total garanti. Une chose étonnante, il n'y a pas de fontaines dans les villages, ils ne boivent pas d'eau ici, c'est ça.


Je passerai au pied des falaises sur le sable avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, car, à marée haute, la mer lèche les falaises. Bien calculer son itinéraire fait garder les pieds au sec. Les falaises hautes de plus d'une centaine de mètres sont pas très blanches, à part à certains endroits. Les six ou sept mètres de terre qui les recouvrent, glissent pour peindre la toile blanche de traînées de rouge à marron. Les glissades sont visibles jusqu'au sol et je comprends les peintres célèbres qui sont venus jeter à leur tour leurs huiles sur leur toile blanche. Seuls les blocs, jetés à l'eau et lavés par les assauts répétés de la mer, retrouvent cette blancheur des bâtons glissés sur le tableau noir.


Sur les plages, le sable fin deviendra galets et cela devient moins facile de lever le nez du prochain pas à effectuer. Les valleuses me feront parvenir jusqu'à Etretat, peut être la Tour Eifel de la côte. L'aiguille Creuse et Arsène Lupin, je l'ai devant les yeux, et c'est magnifique! Plein d'autres endroits sont très jolis mais là, je la vois en vrai. Il ne faut oublier l'Arche aussi et un peu plus loin, un trou en forme de serrure qui traverse aussi la falaise. Prendre le temps de regarder, d'imprimer cet endroit dans un coin de la mémoire, souvenirs, cela deviendra.


Je finirai par un monument, de l'homme cette fois, le pont de Tancarville et aussi celui de Normandie qui sans être naturel nous fait voir que l'homme peut entreprendre de belles choses  mais que le bruit accompagne souvent ses œuvres.

Je passerai sur la Seine qui paraît bien droite après tous les méandres qu'elle effectue depuis la capitale. Ici, le soleil se couche sur la mer et c'est en disparaissant que je rejoindrais Morphée...

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